Pierre Laurent au Conseil national du PCF - 4 septembre 2009
Conférence de presse - Rentrée PCF
envoyé par CN-PCF. - L'info internationale vidéo.
Je veux d’abord vous souhaiter une bonne rentrée à tous. Je sais qu’elle est déjà largement effectuée pour la plupart d’entre vous. Nous avons tous conscience que nous allons avoir, avec les communistes, beaucoup du pain sur la planche. Je crois pouvoir dire que les communistes sont déjà pleins d’énergie. Les assemblées de rentrée que nous tenons dans les fédérations depuis le début de cette semaine en témoignent. Le climat politique, studieux et festif, de l’université d’été, le rajeunissement significatif des inscrits sont également à souligner. Les participants font partager leur enthousiasme de retour dans leurs fédérations. Ces premiers signes sont de bon augure.
[...]Mon rapport comportera deux parties : la première sera consacrée aux développements de la crise et de la politique Sarkozy, et aux indispensables ripostes et fronts politiques qu’il convient de leur opposer ; la seconde, dans le même esprit, sera consacrée à la préparation des élections régionales.
Nous
sommes évidemment tous mobilisés pour la réussite de la Fête de
l’Humanité. Les chiffres de diffusion du bon de soutien, les autres
indicateurs dont nous disposons montrent que nous pouvons aller vers
une très grande fête populaire, un très grand rendez-vous de riposte à
Sarkozy, un très grand rendez-vous du débat à gauche. La bataille de la
vignette, nous le savons, reste à gagner jusqu’au dernier jour. Tout ce
que je vais exposer dans mon rapport ne fera que souligner l’impérieux
besoin d’une Fête de l’Humanité réussie, qui fasse entendre à gauche un
tout autre son de cloche que celui entendu ces dernières semaines. La
Fête de l’Humanité sera aussi un tremplin pour le lancement de la
nouvelle formule du journal que préparent les équipes de l’Humanité
pour le 13 octobre. Cette date doit être dès maintenant pointée dans
tous nos agendas. Car nous accompagnerons ce lancement d’une vente
géante dans le prolongement du soutien exceptionnel qu’apportent les
lecteurs du journal à son entreprise de rénovation. La réussite de la
Fête demande donc notre engagement total dans les huit jours qui
restent. C’est évidemment par là que je souhaitais commencer. Mon rapport comportera deux parties : la première sera
consacrée aux développements de la crise et de la politique Sarkozy, et
aux indispensables ripostes et fronts politiques qu’il convient de leur
opposer ; la seconde, dans le même esprit, sera consacrée à la
préparation des élections régionales. Je ne reviendrai pas sur toutes nos analyses, mais
centrerai mon rapport sur les actions et les initiatives politiques qui
doivent marquer notre rentrée, en appréciant la situation à gauche qui
a connu des développements importants cet été, et en essayant d’en
tirer toutes les conséquences pour la conduite de nos initiatives
politiques. La principale donnée de la situation est la
confirmation du caractère extrêmement profond et durable de la crise
capitaliste. Cette situation confirme nos analyses. C’est évidemment un
constat important. L’analyse des causes et de la nature de cette crise,
et donc le débat sur les solutions à mettre en oeuvre , continue d’
être l’objet d’une intense bataille idéologique. Le gouvernement tente
toujours d’exonérer le système de ses tares profondes et entretient en
permanence le mythe d’une sortie de crise à portée de main. Nous devons
éclairer sans relâche ces mensonges si nous voulons construire des
rassemblements victorieux autour de véritables politiques de lutte
anti-crise. Non, la reprise ne se rapproche pas. En matière
d’emplois, tous les chiffres et toutes les prévisions sont alarmantes.
Le nombre de chômeurs au sens du BIT a augmenté de 450 000 en France
métropolitaine en un an soit une hausse de 22,5%. Même dans un scénario
de rebond technique ou temporaire de la production, tous les experts
prévoient la poursuite de l’augmentation du chômage. Il faut bien
mesurer ce que cachent ces chiffres très globaux en matière de taux de
chômage dans les quartiers populaires ou parmi les jeunes qui arrivent
sur le marché du travail. La progression du nombre de chômeurs peut y
atteindre 50% en un an. Le gouvernement fait de la communication pour masquer
ces réalités. Les bonus des traders ? Le gouvernement n’y a pas touché,
mais a seulement cherché à les adapter à la crise du système. La lutte
contre l’évasion fiscale ? Une énorme opération de bluff qui laisse
intacts le bouclier fiscal et les paradis fiscaux. Dans ce contexte, la taxe carbone proposée par le
gouvernement est une affaire de dupes qui servira en l’état à
substituer un nouvel impôt principalement assis sur les revenus des
ménages aux recettes actuelles de la taxe professionnelle. Dans un
paysage fiscal déjà profondément déséquilibré, c’est une injustice de
plus. De surcroît, son caractère dissuasif pour les émissions de C0 2
demeure improbable en l’absence d’incitations réelles aux changements
des modes de production, de transports, d’habitat, de consommation. On
frappe au porte-monnaie des salariés qui subissent eux-même
l’allongement domicile-travail, la localisation hors centre ville des
supermarchés de la consommation, la dégradation de la qualité des
logements, la soumission des modes de production à la dictature de la
rentabilité. Lutter contre les émissions de gaz à effet de serre est
une exigence que nous partageons et dont nous mesurons l’urgence. Mais
s’attaquer sérieusement à ce problème pour basculer vers de nouveaux
modes de production et de développement suppose de mobiliser l’action
publique sur des objectifs ambitieux, de décider de programmes
d’investissements publics massifs pour financer la transition du
système productif, de contraindre la responsabilité sociale et
écologique des entreprises. Des normes publiques incluant des critères
de sobriété énergétique, de qualité de production, de réduction de
l’empreinte écologique doivent être décidées. Des droits nouveaux
donnés aux salariés et aux usagers sur le contrôle de ces normes. Des
crédits incitatifs mis en place dans le cadre de la maîtrise publique
du crédit que nous proposons. La fiscalité écologique n’est pas forcément une taxe
nouvelle. Pourquoi pas une modulation de l’impôt sur les sociétés ou de
la taxe professionnelle en fonction de l’empreinte écologique des
entreprises ? En tout état de cause, ce débat doit nécessairement
s’inscrire dans une réforme globale de la fiscalité. Ce débat, comme beaucoup d’autres, montre le besoin de
propositions qui fasse grandir l’exigence de logiques réellement
alternatives. Tout nous appelle à amplifier ce travail de propositions
et de projets : l’ampleur de la crise capitaliste, l’urgence de
réponses sociales, économiques, démocratiques, écologiques à cette
crise, l’échec et la nocivité de la politique Sarkozy… Nous le savons,
la crise ne crée aucune condition automatique à l’émergence d’un tel
projet, pas plus la crise économique et sociale que la crise politique
et démocratique. Nicolas Sarkozy le sait, qui travaille en permanence à
disputer le terrain idéologique et politique des solutions, mais aussi
à désamorcer toute émergence d’une construction politique alternative à
vocation majoritaire. A l’inverse, faire émerger un projet politique de
changement, c’est indissociablement faire grandir des majorités de
luttes et d’idées sur des solutions alternatives à la crise
capitaliste, et les constructions politiques capables de les porter
jusqu’à leur mise en oeuvre. Et ce n’est pas le spectacle désolant offert autour de
la rentrée du PS à partir de la mi-août qui nous permettra d’avancer
dans ce sens. En réalité, une nouvelle offensive très sérieuse est
engagée pour tenter d’enfermer toute une partie de la gauche dans ce
que nous avons appelée la double impasse de l’alliance au centre et des
primaires, et du même coup dynamiter durablement la possibilité de
rassembler les forces de la gauche sociale et politique sur un projet
politique alternatif. Nous récusons cette double impasse pour plusieurs
raisons : premièrement, la crise, les urgences populaires et sociétales
qu’elle engendre invitent la gauche à élever le niveau des réponses
qu’il convient d’opposer aux logiques capitalistes, sûrement pas à
composer un peu plus avec le centre ; deuxièmement, la logique
présidentialiste dont relève les primaires tourne le dos au débat de
projet et aux dynamiques populaires et démocratiques qu’il convient de
créer autour de ce projet si l’on veut une politique de gauche
réussie ; enfin, la victoire promise au nom de la coalition des
antisarkozystes mais dans la confusion politique a toutes les chances
de déboucher au contraire sur de nouvelles défaites. L’expérience
italienne l’a montré, mais aussi en France les échecs successifs de
Lionel Jospin et Ségolène Royal qui ont tous deux déjà tentés de parier
sur cet engrenage présidentialiste. Cette offensive est portée par les
sociaux-libéraux, par ceux qui pensent comme l’a déclaré cet été
Bernard-Henri Lévy, signataire de l’appel pour les primaires publié
dans Libération « que le PS doit disparaître » pour laisser place à une
force socialo-centriste, le tout dopé par les egos de ceux qui se
voient un destin dans cette course à la recomposition. La situation au Parti socialiste est probablement loin
d’être stabilisée. A la Rochelle, Martine Aubry a tenu deux discours.
Dans le premier, elle concède les primaires et de possibles alliances
avec le Modem, tout en cherchant à minimiser la portée de ces
concessions. Le doigt est pourtant bel et bien mis dans l’engrenage.
Dans le second, elle se concentre sur le projet, ce qui est déjà
beaucoup mieux, appelant à « une offensive de civilisation » de la
gauche, mais le contenu des propositions avancées restent très faibles
au regard des enjeux de la crise. Pour notre part, dès la rentrée de Marie-George Buffet
le 26 août, nous avons clairement dit devant ce spectacle inquiétant :
« ça suffit ! » Les urgences populaires, les réponses à la crise, la
riposte à Sarkozy n’attendent pas. Personne ne nous fera troquer le
travail sur l’alternative politique pour cette désolante danse du
centre. Et dès cette date, Marie-George a proposé plusieurs initiatives
politiques de riposte et de construction. Je veux ici les développer en les complétant , car il
s’agit maintenant pour le Conseil national de les acter et de les
mettre en œuvre si nous en sommes d’accord. Nous sommes évidemment présents sur de très nombreux
terrains de lutte, avec nos élus, avec nos militants. Les salariés
frappés par les licenciements, les suppressions d’effectifs dans le
public nous trouvent à leurs côtés. Nous étions hier présents avec nos
tracts devant de très nombreux établissements scolaires. C’est bien
entendu dans toutes ces batailles que nous devons construire notre
travail de propositions et de rassemblement. Je veux souligner quelques
rendez-vous ou thématiques qui devraient compter dans la prochaine
période, et sur lesquels nous pourrions porter un effort collectif et
national visible. La bataille contre la privatisation de La Poste,
d’abord. Nous sommes engagés dans ce combat depuis le début. Une
opposition populaire forte s’est enracinée dans le pays dans de
multiples collectifs unitaires dont nous sommes partie prenante et bien
souvent promoteurs. Le gouvernement a tergiversé puis finalement déposé
un projet de changement de statut qui ouvre la porte à la
privatisation. Il faut stopper ce projet. Le 22 septembre, l’ensemble
des syndicats de la Poste appellent à la grève et le 3 octobre, un
immense référendum citoyen s’organise dans le pays. Toutes les forces,
tous les élus de gauche s’y engagent. Nous pourrions décider de mettre
toutes nos forces, tous nos élus dans cette bataille, avec l’ambition
d’amorcer une dynamique populaire majoritaire d’opposition à ce projet.
Nous pourrions mener cette bataille en valorisant nos propositions pour
un service public postal et de la communication, ainsi que nos
propositions pour la maîtrise publique du secteur bancaire et du crédit
dont La Poste devrait être un pilier. Nous avons un mois pour en faire
une très, très grosse affaire. Le 17 octobre, la manifestation nationale unitaire pour
les droits des femmes prend un relief particulier dans un contexte
d’attaques inquiétantes contre ces droits. Nous voulons totalement nous
investir dans la préparation de ce rendez-vous. Nous pourrions
notamment le faire en lançant une campagne nationale de riposte contre
l’attaque qui vise le droit à la retraite. Nous éditions une carte T
pour la fête de l’Humanité qui serait le support de cette campagne.
Evidemment, la bataille des retraites déborde largement cette question,
mais la suppression des annuités pour enfants est éminemment symbolique
de la philosophie générale du projet préparé par le gouvernement et le
Medef. Nous proposons également de relancer la bataille que
nous avions engagée autour des projets de loi déposés le 28 mai dernier
contre les licenciements, pour l’augmentation des salaires, de nouveaux
droits et le contrôle public du secteur bancaire et financier. Toutes
ces propositions sont de pleine actualité. Il faut d’ailleurs noter que
le paysage social ne s’annonce aussi atone que le prédisaient certains.
La CGT vient d’annoncer une rentrée combative, avec une proposition de
journée unitaire le 7 octobre, et une importante journée d’action pour
l’emploi industriel le 22 octobre. En lien avec l’ensemble de ces terrains de lutte, ceux
que je viens d’évoquer et d’autres encore, je pense aux questions de
l’école, du fret ferroviaire qui va mobiliser fortement les cheminots,
des libertés et de la justice, nous pourrions décider dix jours de
mobilisation militante maximum de tous les communistes autour de nos
propositions. Dix jours de colère, d’action et de propositions, par
exemple du 24 septembre au 3 octobre, pour changer le terrain du débat
à gauche, le remettre sur les rails de la riposte et de l’alternative,
dix jours pour crier haut et fort : « oui, face à la politique Sarkozy,
d’autres choix sont possibles pour combattre la crise ». Nous pourrions également décider d’engager, en lien
avec la bataille de nos élus et de nos parlementaires, et à l’aide d’un
matériel national disponible début octobre, un véritable travail de
révélation public et populaire sur les enjeux de la réforme des
collectivités locales, qui constitue une attaque considérable contre
l’ensemble de la démocratie locale et de l’action publique
territoriale. J’y reviendrai à propos des élections régionales. La Fête de l’Humanité sera un tremplin idéal pour cet
effort de mobilisation puisque des rendez-vous multiples sont prévus
sur tous ces enjeux dans la Fête. Nous devons conjuguer à ces efforts de mobilisation, de
ripostes, de débats sur le terrain un immense travail politique pour
commencer à faire émerger les grands axes d’un nouveau projet
transformateur, les grands axes d’un projet politique alternatif. La
Mutualité tenue le 3 juillet avec le Front de gauche avait à sa manière
montré le potentiel de créativité disponible. Il faut maintenant passer
le cap supérieur, pour créer une dynamique de projet beaucoup plus
large qui combatte le sentiment d’enlisement de la gauche face à
Sarkozy. Marie-George a lancé l’idée le 26 août de tenir courant
octobre de premiers grands ateliers thématiques nationaux sur le
projet, ouverts aux forces du mouvement social, dans lesquels toutes
les forces de gauche et écologistes pourraient se confronter, et un
point d’étape national de ce travail en novembre. Notre ambition
pourrait être de réunir au total plusieurs milliers de personnes dans
ce travail, en mobilisant outre les forces disponibles à gauche, des
syndicalistes, des responsables associatifs, des intellectuels, des
universitaires eux aussi désireux de faire émerger une offre politique,
un projet politique alternatif. Ces ateliers, préparés nationalement, pourraient être
organisés dans plusieurs grandes villes. Les thèmes abordés pourraient
être au nombre de six : un atelier sur l’argent ( pôle public bancaire,
crédit, financement de la protection sociale et fiscalité ) ; un
atelier sur les services publics et le rôle de l’Etat ; deux ateliers
sur le nouveau mode de développement, un sur croissance, emploi,
industrie, écologie, l’autre plus spécifiquement sur les enjeux de
Copenhague ; un atelier sur la démocratie, les institutions, et les
droits nouveaux ; un atelier sur l’école et la formation. Nous avons soumis cette proposition à nos partenaires
du Front de gauche, la Gauche unitaire et le Parti de gauche, que nous
venons de rencontrer respectivement mercredi et jeudi pour faire le
point sur la relance du Front de gauche, ainsi qu’au Parti socialiste,
que nous avons également rencontré mercredi. Dans la rencontre avec le Parti socialiste, au cours de
laquelle nous avons clairement rappelé notre opposition aux alliances
centristes comme au processus des primaires, la délégation conduite par
Martine Aubry nous a indiqué que le PS répondrait favorablement s’il
était invité à des tels ateliers, considérant que le travail de projet
était à ses yeux prioritaire. Le PS lui-même entend organiser de tels
forums dans le trimestre et y inviter les autres forces de gauche et
les Verts. Nous avons confirmé notre disponibilité pour une telle
confrontation. Plusieurs camarades de notre direction, Alain Obadia,
Yves Dimicoli, Olivier Dartigolles, Olivier Gebuhrer ont d’ailleurs
participé à des forums thématiques de l’université de La Rochelle. Nos camarades de la Gauche unitaire nous ont dit leur
accord pour une démarche qui recentre le débat sur les contenus,
ouverte à toutes les forces de gauche même s’ils ne pensent pas
possible un accord politique avec le PS, et ont souhaité la
co-organisation de ces ateliers par le Front de gauche dont ils
souhaitent la pérennisation. Sur les régionales, la Gauche unitaire
nous a redit sa préférence pour des listes autonomes de 1er
tour les plus larges possibles, son opposition à des alliances avec le
Modem, son accord pour des fusions de second tour « politiques et dans
l’indépendance », la question des exécutifs n’étant pour elle ni un
préalable, ni une condition, mais affaire d’appréciation politique. Nous avons discuté cette possibilité de co-organisation
des ateliers avec le Parti de gauche après lui avoir exposé notre
proposition. En retour, le PG nous a officiellement saisis de la
proposition que Jean-Luc Mélenchon avait exposée dans l’Humanité : un
paquet régionales-législatives-présidentielle. Pour le PG, c’est la
meilleure manière de répondre au besoin d’un pacte durable. Nous lui
avons indiqué que telle n’était pas notre conception et nos choix de
congrès. Pour nous, c’est le contenu du projet qui fonde à chaque étape
la validité des fronts. Nous lui avons dit que nous aussi visions une
construction durable, avec l’objectif de rassembler une majorité
politique sur un projet de changement réellement à gauche. Pour nous,
c’est avec cette boussole que nous envisageons à chaque étape un
processus évolutif, rassembleur et ouvert. Le périmètre du Front de
gauche a également fait l’objet d’un échange, le PG estimant qu’il ne
peut y avoir d’ambiguïté sur l’inclusion du PS dans ce Front. Là
encore, nous lui avons répondu que les objectifs de cette construction
(clarté du projet, et ambition majoritaire sur ce projet) étaient à nos
yeux la meilleure des garanties. C’est sur ces bases que nous visons
l’élargissement du Front. Sur les régionales, le PG se prononce pour
des listes de 1er tour. Nous lui
avons réaffirmé notre volonté de travailler avec nos partenaires du
Front de gauche à des dynamiques qui soient là aussi des dynamiques à
vocation majoritaire. Nous avons convenu de nous revoir la semaine
prochaine. Nous pourrions approfondir aujourd’hui la discussion pour
aboutir à une proposition qui pourrait s’articuler autour de quelques
principes : initiatives communes de riposte ; ateliers sur le projet
co-organisés par le Front de gauche et ouverts à toute la gauche ; à
travers ce travail d’ateliers, élaboration par grandes thématiques de
plates-formes partagées ; mise en place d’un comité de liaison
permanent pour travailler dans la durée à la poursuite et à
l’élargissement du front. J’en viens à la seconde partie : quelles ambitions pour les élections régionales ? Evidemment, le travail de projet dont je viens de
parler irriguera toute notre bataille des régionales mais il convient
de décliner ce travail de manière spécifique sur les enjeux régionaux
dans le même esprit. L’appel que nous pourrions lancer aujourd’hui à
tous les communistes est la nécessité d’entrer maintenant au plus vite,
dans les jours et les semaines qui viennent, dans une très grande
bataille publique et populaire sur les enjeux de ce scrutin, une très
grande bataille politique de dimension nationale pour faire émerger une
offre politique nouvelle pour ces élections. Penser pouvoir entrer dans ce débat sans mener cette
bataille, cela reviendrait en quelque sorte à accepter d’emblée le
paysage politique tel qu’on cherche à l’imposer ces dernières semaines
au peuple de gauche, et à se résigner pour ce nous qui nous concerne à
prendre la place que certains nous ont déjà réservée, en supplétifs des
recompositions politiques pour les uns, ou éjectés de toutes les
majorités régionales dans lesquelles nous nous battons aujourd’hui dans
l’intérêt des populations pour les autres. C’est un piège dans lequel
nous n’avons évidemment pas l’intention de tomber. Notre ambition est
tout autre. Les enjeux sont trop importants, et nous avons bien mieux à
faire. Encore faut-il, je le répète, mener la grande bataille politique
sans laquelle rien ne sera possible. Nous devons alerter toutes celles et ceux qui souffrent
de la crise, qui aspirent à de profonds changements politiques sur ce
qui se prépare, sur les enjeux de ces élections et les appeler à se
rassembler pour construire une autre offre politique, porteuse de
réponses à la crise et aux urgences populaires, porteuse d’alternative
réelle à gauche. Alors que Nicolas Sarkozy, avec la direction de l’UMP,
prépare activement le rendez-vous régional avec des ambitions de
reconquête affirmées, et vient pour cela de présider en personne le
comité de liaison de la majorité présidentielle rejoint cet été par
Philippe de Villiers et le CPNT de Frédéric Nihous, l’offensive de
recomposition politique lancée sur la gauche conduirait aux prochaines
élections régionales à marginaliser le débat de projet pour mieux faire
accepter dans les faits le renoncement à toute ambition de projet
réellement transformateur. On ferait rentrer par la fenêtre ce que
refuse d’accepter la grande majorité des électrices et des électeurs de
gauche. Contrairement à ce qui est dit par les promoteurs de cette
recomposition, emprunter cette voie ouvrirait la porte à la victoire de
la droite dans de nombreuses régions, car c’est la voie d’une
démobilisation populaire assurée. Pour ouvrir une autre voie, construire une offre
politique utile aux jeunes et aux salariés de notre pays, autour de
projets répondant aux attentes populaires, la première de nos tâches
est donc d’éclairer des enjeux qui sont pour le moment largement
éclipsés, minimisés, dénaturés. Je veux insister sur trois de ces
enjeux. Le premier de ces enjeux est un enjeu de projet. Autrement dit, fou celui qui pense pouvoir éluder le
débat de projet ou le renvoyer à 2012. 2010 sera un choc de projets et
personne ne pourra éluder cette question : quelles politiques seront
demain mises en oeuvre dans les régions ? Des politiques inscrites dans
les logiques de crise actuelles, amplifiant encore leurs effets, ou des
politiques de lutte contre la crise ? Des politiques qui avec le
gouvernement feront payer la crise aux travailleurs ou des politiques
qui parient sur un nouveau type de développement dans leurs
territoires ? Des politiques qui font des régions des relais des
politiques sarkozystes de déréglementation sociale et de mise en
concurrence systématique, ou qui au contraire en font des lieux de
résistance à ces politiques, des points d’appui pour promouvoir des
politiques socialement solidaires, réductrices d’inégalités ? Des
politiques de soutien aux logiques économiques de rentabilité,
prédatrices pour les hommes et l’environnement, ou des politiques
économiques et écologiques pariant sur un développement humain durable ? C’est en répondant à ces questions, qui sont celles qui
tenaillent notre peuple, celles que se poseront des millions
d’électrices et d’électeurs à l’approche de cette échéance, que nous
devons travailler les les grands axes de nos projets régionaux, des
projets qui doivent clairement marquer l’engagement et la mobilisation
des régions dans des politiques de lutte anti-crise. Les régions accompagneront-elles, seront-elles des
actrices du démantèlement des missions, politiques et services
publics ? Ou seront-elles au contraire des régions mobilisées contre
ces orientations, engagées dans la reconquête et le développement des
services publics. Transports, santé, éducation, enseignement supérieur
et recherche, petite enfance, formation, logement... sur toutes ces
questions vitales pour la vie de nos concitoyens, nous avons des
propositions à avancer pour que les régions soient des lieux de
résistance aux logiques de marchandisation, de mise en concurrence, de
privatisation du gouvernement et développent, en lien avec les autres
échelons territoriaux, des projets de développement et de reconquête de
l’offre des services publics sur l’ensemble de leur territoire. Les régions compteront-elles les points devant le
spectacle de la crise et du chômage en expliquant qu’elles ne peuvent
rien faire, ou seront-elles des régions engagées dans la lutte contre
le chômage et la précarité, qui combattent avec les salariés les
stratégies de licenciements et de délocalisations des entreprises, qui
construisent des projets de développement durable ancrés dans les
territoires, qui contribuent à mettre en place des fonds régionaux
publics pour l’emploi et la formation, qui organisent autrement le
contrôle de l’utilisation des fonds publics, de l’argent et des
missions de la formation, en donnant dans la gestion des régions de
nouveaux droits aux salariés et à leurs syndicats ? Les régions accepteront-elles de se soumettre toujours
plus aux logiques de concurrence, aux exigences d’aménagement pilotés
par les intérêts financiers, que le gouvernement veut notamment
accélérer dans le cadre de la métropolisation des grandes régions, ou
seront-elles des régions mobilisées par la réduction des inégalités et
par l’exigence d’un développement réellement solidaire de toutes les
populations, tous les territoires, toutes les générations ? Les régions s’engageront-elles, contre les logiques de
rentabilité, dans la promotion d’un nouveau type de développement
humain, industriel, urbain, agricole, socialement solidaire et
écologiquement durable, soutenant un développement industriel
respectueux des hommes et de l’environnement, tourné vers des
productions utiles à l’épanouissement humain, favorisant l’agriculture
paysanne et la pêche artisanale ? Les régions se mobiliseront-elles pour une autre
utilisation de l’argent en organisant le contrôle des citoyens et des
salariés avec les élus sur les fonds publics, et plus globalement sur
les richesses créées dans les territoires grâce aux investissements et
aux aménagements publics, en faveur du respect de critères sociaux et
environnementaux ? Voilà quelques-uns des enjeux autour desquels nous devons engager le grand débat public de construction des projets. Le second des enjeux de ces élections régionales est un énorme enjeu démocratique. Mais le problème est plus sérieux encore. La réforme
des collectivités locales que le gouvernement a lancée pour cet automne
est extrêmement grave et largement méconnue, sous-estimée à l’heure
qu’il est. Ce projet et les élections régionales sont pour le
gouvernement une étape décisive de la restructuration de l’Etat, des
pouvoirs et des territoires. L’attaque contre la démocratie locale, qui
une force de notre République, est cette fois globale. Il s’agit d’une
recentralisation et d’une mise au pas générale de tous les échelons :
communes, départements, régions, au profit d’une subordination
autoritaire et centralisée aux exigences d’un remodelage libéral de
toute la société. Un repli drastique de l’action publique à tous les
niveaux. Au terme du projet sarkozyste de refonte des collectivités
locales, cent mille conseillers municipaux devraient disparaître, plus
de 20% des élus départementaux et régionaux également qui seraient
fusionnés en 2014 et élus pour l’essentiel avec un mode de scrutin
uninominal à un tour le plus antidémocratique qui soit, la « compétence
générale » qui donne à chacune de ces institutions la capacité de
développer hors de ces compétences obligatoires des politiques
publiques d’intérêt local serait supprimée. Ce serait par exemple un
désastre pour la culture quand on sait que 80% du spectacle vivant en
France est financée dans ce cadre par les collectivités locales.
Derrière ce projet, dont je ne cite ici que quelques exemples, c’est la
diminution drastique des missions et des investissements publics qui
est visé. Encore un exemple, le projet de loi de création d’une société
du Grand Paris, qui complète le projet Sarkozy, est une caricature
ultralibérale et antidémocratique. Il faudra par exemple à une commune
ou une communauté d’agglo payer un droit d’entrée de 200 millions
d’euros au minimum pour siéger au conseil de surveillance de cette
société. Cet enjeu doit être au cœur de la bataille des
régionales. Nous avons un véritable travail de révélation à effectuer
du même niveau que celui que nous avons mené sur la constitution
européenne. Et, à l’opposé de ces conceptions, nous devons placer
la question de la démocratisation de la République et des pouvoirs
locaux au cœur de notre projet. Toutes nos propositions doivent être
irriguées par cette orientation : redonner du pouvoir aux citoyens là
où le pouvoir cherche à les concentrer dans les mains de quelques-uns,
à l’Elysée et dans les conseils d’administrations où siègent les plus
gros actionnaires. Le troisième enjeu des élections régionales concerne l’avenir de la gauche. Comment y parvenir ? En nous adressant aux millions d’électrices et
d’électeurs qui peuvent entendre le besoin de cette offre politique.
Certes, sans bataille politique, cette offre politique n’ aucune raison
d’émerger dans le paysage actuel. Mais avec notre travail, avec la mise
en mouvement des forces susceptibles de la construire avec nous,
l’expérience de nos batailles européennes montre que la donne peut
changer. C’est cette démarche qui nous a guidés avec réussite
pour constituer les listes du Front de gauche pour changer d’Europe.
C’est ce que nous voulons poursuivre aujourd’hui, dans les conditions
des élections régionales. Nous voulons mettre en débat et construire
avec toutes celles et ceux qui s’y reconnaîtront, à commencer par nos
partenaires du Front de gauche, une nouvelle offre politique qui se
fixe des objectifs clairs : barrer la route de la reconquête à la
droite ; porter des projets politiques qui fassent des régions des
pôles de résistance aux logiques libérales, des pôles de promotion d’un
nouveau type de développement social et écologique, solidaire et
durable ; conquérir des majorités capables de faire avancer ces
projets, comprenant pour cela en leur sein le maximum d’élus déterminés
à mettre en oeuvre ces objectifs, notamment de nombreux élus
communistes. A tous les acteurs du mouvement social, aux
syndicalistes, aux salariés, aux intellectuels de toutes disciplines, à
tous les citoyens qui veulent des régions réellement à gauche, nous
disons : « construisez avec nous ces nouveaux fronts de gauche pour les
régions ».
A tous les militants, élus et électeurs socialistes, nous disons : « ne
renoncez pas face à la crise, ne vous perdez dans des alliances avec le
Modem qui désespèrent le peuple de gauche, ouvrez avec nous le débat de
projets à gauche ». C’est cette bataille politique de projets, de contacts
et de constructions politiques qu’il faut engager dès maintenant. Il
est trop tôt pour préjuger des configurations auxquelles nous pouvons
aboutir. Mais menons tous ensemble cette bataille nationale, prenons le
temps de cette grande bataille nationale, dans toutes les régions,
multiplions les interpellations, les contacts, le travail commun, en
cherchant à pousser le plus loin possible les lignes du rassemblement
sur de tels objectifs, en voyant qui peut répondre présent. Le temps viendra de nos décisions. Elles appartiendront
de toute façon aux communistes à travers les conférences régionales.
Peut-être nous faudra-t-il étendre d’une à deux semaines le calendrier
de ces conférences jusqu’au début novembre ? C’est à discuter. Une
chose est sûre : tout doit être mis dès maintenant entre les mains des
adhérents. Ce n’est pas une affaire de spécialistes, c’est l’affaire de
tous, élus et militants. Voilà, chers camarades, les propositions que je vous
soumets. La Fête de l’Humanité peut être un grand moment de
popularisation de ces propositions et de lancement de cette démarche.
Nous devons veiller à une présence politique très dynamique des
communistes dans la Fête, et à une campagne de renforcement très
visible. Nous avons rénové de fond en comble le contenu et la forme de
notre stand national. Nous disposerons de matériel pour en populariser
le contenu dans la Fête. Deux tee-shirts, et des badges reprenant leurs
visuels, qui je crois feront parler d’eux, seront disponibles et
distribués à tous les militants, tous les jeunes qui souhaitent les
porter. Nous lancerons publiquement notre présence politique dans la
Fête avec Marie-George le vendredi à 18 heures au stand national des
communistes, juste avant les inaugurations multiples dans les espaces.
Autres signes extrêmement préoccupants, celui de l’investissement
manufacturier qui devrait d’après l’INSEE enregistrer une chute de 23%
cette année ; celui des taux de faillites déjà acquises ou prévues des
PME, asphyxiées par la fermeture des robinets du crédit bancaire ; ou
encore celui de l’explosion de la dette publique sur laquelle les
marchés financiers s’apprêtent à spéculer de manière redoublée.
En vérité, les seuls signes de reprises détectés par le gouvernement
sont plutôt des signaux d’alerte, puisqu’ils concernent le rebond des
marchés boursiers et le renflouement des trésoreries des groupes du CAC
40, autrement dit la relance de l’enflure financière précisément à
l’origine de la crise.
En vérité, la politique gouvernementale aggrave tous les jours le mal,
car ses seules boussoles restent en réalité la pression contre le
travail et l’encouragement pour le capital, les profits et les
rendements financiers. Pressions contre le travail avec l’adoption au
forceps cet été du travail du dimanche ; contre les salaires avec le
blocage du SMIC, qui concerne un actif sur trois de moins de 35 ans,
avec les temps partiels, qui gonflent le nombre des travailleurs
pauvres, une personne sur deux en situation de pauvreté est aujourd’hui
en situation d’emploi ; contre les niveaux de protection sociale, avec
par exemple l’attaque indécente contre les annuités pour enfants dans
le calcul de la retraite des femmes ; contre les services et l’emploi
publics, avec en cette rentrée la dégradation planifiée de l’offre
publique d’éducation ; contre l’investissement public à tous les
niveaux, avec l’asphyxie des collectivités locales. Et d’autre côté,
encouragement pour le capital avec la suppression de la taxe
professionnelle, avec l’extension répétée et continue des allégements
de cotisations patronales qui a déjà coûté 28 milliards d’euros à
l’Etat en 2008.
Les élections régionales vont se tenir à un moment crucial, en pleine
crise et à mi-chemin du quinquennat Sarkozy. A la crise, à la politique
Sarkozy, il s’agira donc de dire dans chaque région : stop ou encore ?
Et si c’est stop, pour faire quoi à la place ? L’UMP n’aborde
d’ailleurs pas ces élections comme des élections intermédiaires. La
reconquête des pouvoirs régionaux est considérée par la droite comme un
moyen de relancer l’adhésion à son projet politique, de se donner de
nouveaux moyens de le mettre en oeuvre, comme un tremplin pour
accélérer le remodelage économique, institutionnel et politique de
notre société. Si elles veulent gagner, les forces qui combattent sa
politique doivent lui opposer des projets régionaux qui dessinent une
vraie alternative, un autre chemin pour l’avenir des régions et de
notre société.
Nicolas Sarkozy veut tous les pouvoirs et les régions en ont. Il veut
des majorités de droite pour les mettre au service de sa politique.
Est-ce le moment de lui donner de nouvelles armes ? Poser la question,
c’est y répondre.
Je l’ai déjà largement évoqué. On nous somme de choisir, il faudrait
soit renoncer à l’ambition d’un projet transformateur, soit renoncer au
pouvoir. Tout notre politique de rassemblement, à commencer par celle
que nous avons mise en oeuvre avec le Front de gauche pour changer
d’Europe, vise à refuser cette alternative mortifère. Notre ambition
est d’avancer en toutes circonstances vers la construction de majorités
capables de porter des projets de transformation sociale. Renoncer à
cette ambition aux élections régionales, ce serait offrir aux libéraux
de tous poils le pouvoir dans la plupart des régions.
Notre ambition est donc claire : travailler à des projets régionaux
utiles à combattre la crise et les logiques financières capitalistes,
utiles à notre peuple, au monde du travail, et travailler dans le même
temps à la construction des rassemblements et des majorités
susceptibles de porter ces projets. Pourquoi par exemple décréter
aujourd’hui que nous ne serions capables que de fusions techniques au
second tour ? Notre ambition est tout autre.
L’offre politique que nous voulons construire vise bel et bien ces deux
objectifs : des projets de qualité réellement ancrés à gauche, et leur
mise en oeuvre effective.
Aux militants et électeurs du NPA nous disons : « ne ratez pas une fois
encore le coche de l’unité, ne vous retirez sur l’Aventin quand il
s’agit d’aller disputer le terrain des majorités de gestion ».
Aux militants et électeurs écologistes, nous disons : « nous serons
plus forts et plus efficaces pour imposer de nouveaux modes de
développement si nous nous attaquons ensemble aux logiques de
rentabilité, prédatrices pour les hommes et la nature ».
Durant la Fête, la réception du samedi avec Marie -George et le meeting
du dimanche avec Patrick Le Hyaric seront évidemment des moments
politiques marquants.