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PCF section Harfleur
4 septembre 2009

Pierre Laurent au Conseil national du PCF - 4 septembre 2009

pierre_laurent


Conférence de presse - Rentrée PCF
envoyé par CN-PCF. - L'info internationale vidéo.

Je veux d’abord vous souhaiter une bonne rentrée à tous. Je sais qu’elle est déjà largement effectuée pour la plupart d’entre vous. Nous avons tous conscience que nous allons avoir, avec les communistes, beaucoup du pain sur la planche. Je crois pouvoir dire que les communistes sont déjà pleins d’énergie. Les assemblées de rentrée que nous tenons dans les fédérations depuis le début de cette semaine en témoignent. Le climat politique, studieux et festif, de l’université d’été, le rajeunissement significatif des inscrits sont également à souligner. Les participants font partager leur enthousiasme de retour dans leurs fédérations. Ces premiers signes sont de bon augure.

[...]Mon rapport comportera deux parties : la première sera consacrée aux développements de la crise et de la politique Sarkozy, et aux indispensables ripostes et fronts politiques qu’il convient de leur opposer ;  la seconde, dans le même esprit, sera consacrée à la préparation des élections régionales.

Nous sommes évidemment tous mobilisés pour la réussite de la Fête de l’Humanité. Les chiffres de diffusion du bon de soutien, les autres indicateurs dont nous disposons montrent que nous pouvons aller vers une très grande fête populaire, un très grand rendez-vous de riposte à Sarkozy, un très grand rendez-vous du débat à gauche. La bataille de la vignette, nous le savons, reste à gagner jusqu’au dernier jour. Tout ce que je vais exposer dans mon rapport ne fera que souligner l’impérieux besoin d’une Fête de l’Humanité réussie, qui fasse entendre à gauche un tout autre son de cloche que celui entendu ces dernières semaines. La Fête de l’Humanité sera aussi un tremplin pour le lancement de la nouvelle formule du journal que préparent les équipes de l’Humanité pour le 13 octobre. Cette date doit être dès maintenant pointée dans tous nos agendas. Car nous accompagnerons ce lancement d’une vente géante dans le prolongement du soutien exceptionnel qu’apportent les lecteurs du journal à son entreprise de rénovation. La réussite de la Fête demande donc notre engagement total dans les huit jours qui restent. C’est évidemment par là que je souhaitais commencer.

Mon rapport comportera deux parties : la première sera consacrée aux développements de la crise et de la politique Sarkozy, et aux indispensables ripostes et fronts politiques qu’il convient de leur opposer ; la seconde, dans le même esprit, sera consacrée à la préparation des élections régionales.

Je ne reviendrai pas sur toutes nos analyses, mais centrerai mon rapport sur les actions et les initiatives politiques qui doivent marquer notre rentrée, en appréciant la situation à gauche qui a connu des développements importants cet été, et en essayant d’en tirer toutes les conséquences pour la conduite de nos initiatives politiques.

QUELLES INITIATIVES FACE AUX DEVELOPPEMENTS DE LA CRISE ?

La principale donnée de la situation est la confirmation du caractère extrêmement profond et durable de la crise capitaliste. Cette situation confirme nos analyses. C’est évidemment un constat important. L’analyse des causes et de la nature de cette crise, et donc le débat sur les solutions à mettre en oeuvre , continue d’ être l’objet d’une intense bataille idéologique. Le gouvernement tente toujours d’exonérer le système de ses tares profondes et entretient en permanence le mythe d’une sortie de crise à portée de main. Nous devons éclairer sans relâche ces mensonges si nous voulons construire des rassemblements victorieux autour de véritables politiques de lutte anti-crise.

Non, la reprise ne se rapproche pas. En matière d’emplois, tous les chiffres et toutes les prévisions sont alarmantes. Le nombre de chômeurs au sens du BIT a augmenté de 450 000 en France métropolitaine en un an soit une hausse de 22,5%. Même dans un scénario de rebond technique ou temporaire de la production, tous les experts prévoient la poursuite de l’augmentation du chômage. Il faut bien mesurer ce que cachent ces chiffres très globaux en matière de taux de chômage dans les quartiers populaires ou parmi les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. La progression du nombre de chômeurs peut y atteindre 50% en un an.
Autres signes extrêmement préoccupants, celui de l’investissement manufacturier qui devrait d’après l’INSEE enregistrer une chute de 23% cette année ; celui des taux de faillites déjà acquises ou prévues des PME, asphyxiées par la fermeture des robinets du crédit bancaire ; ou encore celui de l’explosion de la dette publique sur laquelle les marchés financiers s’apprêtent à spéculer de manière redoublée.
En vérité, les seuls signes de reprises détectés par le gouvernement sont plutôt des signaux d’alerte, puisqu’ils concernent le rebond des marchés boursiers et le renflouement des trésoreries des groupes du CAC 40, autrement dit la relance de l’enflure financière précisément à l’origine de la crise.

Le gouvernement fait de la communication pour masquer ces réalités. Les bonus des traders ? Le gouvernement n’y a pas touché, mais a seulement cherché à les adapter à la crise du système. La lutte contre l’évasion fiscale ? Une énorme opération de bluff qui laisse intacts le bouclier fiscal et les paradis fiscaux.
En vérité, la politique gouvernementale aggrave tous les jours le mal, car ses seules boussoles restent en réalité la pression contre le travail et l’encouragement pour le capital, les profits et les rendements financiers. Pressions contre le travail avec l’adoption au forceps cet été du travail du dimanche ; contre les salaires avec le blocage du SMIC, qui concerne un actif sur trois de moins de 35 ans, avec les temps partiels, qui gonflent le nombre des travailleurs pauvres, une personne sur deux en situation de pauvreté est aujourd’hui en situation d’emploi ; contre les niveaux de protection sociale, avec par exemple l’attaque indécente contre les annuités pour enfants dans le calcul de la retraite des femmes ; contre les services et l’emploi publics, avec en cette rentrée la dégradation planifiée de l’offre publique d’éducation ; contre l’investissement public à tous les niveaux, avec l’asphyxie des collectivités locales. Et d’autre côté, encouragement pour le capital avec la suppression de la taxe professionnelle, avec l’extension répétée et continue des allégements de cotisations patronales qui a déjà coûté 28 milliards d’euros à l’Etat en 2008.

Dans ce contexte, la taxe carbone proposée par le gouvernement est une affaire de dupes qui servira en l’état à substituer un nouvel impôt principalement assis sur les revenus des ménages aux recettes actuelles de la taxe professionnelle. Dans un paysage fiscal déjà profondément déséquilibré, c’est une injustice de plus. De surcroît, son caractère dissuasif pour les émissions de C0 2 demeure improbable en l’absence d’incitations réelles aux changements des modes de production, de transports, d’habitat, de consommation. On frappe au porte-monnaie des salariés qui subissent eux-même l’allongement domicile-travail, la localisation hors centre ville des supermarchés de la consommation, la dégradation de la qualité des logements, la soumission des modes de production à la dictature de la rentabilité.

Lutter contre les émissions de gaz à effet de serre est une exigence que nous partageons et dont nous mesurons l’urgence. Mais s’attaquer sérieusement à ce problème pour basculer vers de nouveaux modes de production et de développement suppose de mobiliser l’action publique sur des objectifs ambitieux, de décider de programmes d’investissements publics massifs pour financer la transition du système productif, de contraindre la responsabilité sociale et écologique des entreprises. Des normes publiques incluant des critères de sobriété énergétique, de qualité de production, de réduction de l’empreinte écologique doivent être décidées. Des droits nouveaux donnés aux salariés et aux usagers sur le contrôle de ces normes. Des crédits incitatifs mis en place dans le cadre de la maîtrise publique du crédit que nous proposons.

La fiscalité écologique n’est pas forcément une taxe nouvelle. Pourquoi pas une modulation de l’impôt sur les sociétés ou de la taxe professionnelle en fonction de l’empreinte écologique des entreprises ? En tout état de cause, ce débat doit nécessairement s’inscrire dans une réforme globale de la fiscalité.

Ce débat, comme beaucoup d’autres, montre le besoin de propositions qui fasse grandir l’exigence de logiques réellement alternatives. Tout nous appelle à amplifier ce travail de propositions et de projets : l’ampleur de la crise capitaliste, l’urgence de réponses sociales, économiques, démocratiques, écologiques à cette crise, l’échec et la nocivité de la politique Sarkozy… Nous le savons, la crise ne crée aucune condition automatique à l’émergence d’un tel projet, pas plus la crise économique et sociale que la crise politique et démocratique. Nicolas Sarkozy le sait, qui travaille en permanence à disputer le terrain idéologique et politique des solutions, mais aussi à désamorcer toute émergence d’une construction politique alternative à vocation majoritaire. A l’inverse, faire émerger un projet politique de changement, c’est indissociablement faire grandir des majorités de luttes et d’idées sur des solutions alternatives à la crise capitaliste, et les constructions politiques capables de les porter jusqu’à leur mise en oeuvre.

Et ce n’est pas le spectacle désolant offert autour de la rentrée du PS à partir de la mi-août qui nous permettra d’avancer dans ce sens. En réalité, une nouvelle offensive très sérieuse est engagée pour tenter d’enfermer toute une partie de la gauche dans ce que nous avons appelée la double impasse de l’alliance au centre et des primaires, et du même coup dynamiter durablement la possibilité de rassembler les forces de la gauche sociale et politique sur un projet politique alternatif.

Nous récusons cette double impasse pour plusieurs raisons : premièrement, la crise, les urgences populaires et sociétales qu’elle engendre invitent la gauche à élever le niveau des réponses qu’il convient d’opposer aux logiques capitalistes, sûrement pas à composer un peu plus avec le centre ; deuxièmement, la logique présidentialiste dont relève les primaires tourne le dos au débat de projet et aux dynamiques populaires et démocratiques qu’il convient de créer autour de ce projet si l’on veut une politique de gauche réussie ; enfin, la victoire promise au nom de la coalition des antisarkozystes mais dans la confusion politique a toutes les chances de déboucher au contraire sur de nouvelles défaites. L’expérience italienne l’a montré, mais aussi en France les échecs successifs de Lionel Jospin et Ségolène Royal qui ont tous deux déjà tentés de parier sur cet engrenage présidentialiste. Cette offensive est portée par les sociaux-libéraux, par ceux qui pensent comme l’a déclaré cet été Bernard-Henri Lévy, signataire de l’appel pour les primaires publié dans Libération « que le PS doit disparaître » pour laisser place à une force socialo-centriste, le tout dopé par les egos de ceux qui se voient un destin dans cette course à la recomposition.

La situation au Parti socialiste est probablement loin d’être stabilisée. A la Rochelle, Martine Aubry a tenu deux discours. Dans le premier, elle concède les primaires et de possibles alliances avec le Modem, tout en cherchant à minimiser la portée de ces concessions. Le doigt est pourtant bel et bien mis dans l’engrenage. Dans le second, elle se concentre sur le projet, ce qui est déjà beaucoup mieux, appelant à « une offensive de civilisation » de la gauche, mais le contenu des propositions avancées restent très faibles au regard des enjeux de la crise.

Pour notre part, dès la rentrée de Marie-George Buffet le 26 août, nous avons clairement dit devant ce spectacle inquiétant : « ça suffit ! » Les urgences populaires, les réponses à la crise, la riposte à Sarkozy n’attendent pas. Personne ne nous fera troquer le travail sur l’alternative politique pour cette désolante danse du centre. Et dès cette date, Marie-George a proposé plusieurs initiatives politiques de riposte et de construction.

Je veux ici les développer en les complétant , car il s’agit maintenant pour le Conseil national de les acter et de les mettre en œuvre si nous en sommes d’accord.

Nous sommes évidemment présents sur de très nombreux terrains de lutte, avec nos élus, avec nos militants. Les salariés frappés par les licenciements, les suppressions d’effectifs dans le public nous trouvent à leurs côtés. Nous étions hier présents avec nos tracts devant de très nombreux établissements scolaires. C’est bien entendu dans toutes ces batailles que nous devons construire notre travail de propositions et de rassemblement. Je veux souligner quelques rendez-vous ou thématiques qui devraient compter dans la prochaine période, et sur lesquels nous pourrions porter un effort collectif et national visible.

La bataille contre la privatisation de La Poste, d’abord. Nous sommes engagés dans ce combat depuis le début. Une opposition populaire forte s’est enracinée dans le pays dans de multiples collectifs unitaires dont nous sommes partie prenante et bien souvent promoteurs. Le gouvernement a tergiversé puis finalement déposé un projet de changement de statut qui ouvre la porte à la privatisation. Il faut stopper ce projet. Le 22 septembre, l’ensemble des syndicats de la Poste appellent à la grève et le 3 octobre, un immense référendum citoyen s’organise dans le pays. Toutes les forces, tous les élus de gauche s’y engagent. Nous pourrions décider de mettre toutes nos forces, tous nos élus dans cette bataille, avec l’ambition d’amorcer une dynamique populaire majoritaire d’opposition à ce projet. Nous pourrions mener cette bataille en valorisant nos propositions pour un service public postal et de la communication, ainsi que nos propositions pour la maîtrise publique du secteur bancaire et du crédit dont La Poste devrait être un pilier. Nous avons un mois pour en faire une très, très grosse affaire.

Le 17 octobre, la manifestation nationale unitaire pour les droits des femmes prend un relief particulier dans un contexte d’attaques inquiétantes contre ces droits. Nous voulons totalement nous investir dans la préparation de ce rendez-vous. Nous pourrions notamment le faire en lançant une campagne nationale de riposte contre l’attaque qui vise le droit à la retraite. Nous éditions une carte T pour la fête de l’Humanité qui serait le support de cette campagne. Evidemment, la bataille des retraites déborde largement cette question, mais la suppression des annuités pour enfants est éminemment symbolique de la philosophie générale du projet préparé par le gouvernement et le Medef.

Nous proposons également de relancer la bataille que nous avions engagée autour des projets de loi déposés le 28 mai dernier contre les licenciements, pour l’augmentation des salaires, de nouveaux droits et le contrôle public du secteur bancaire et financier. Toutes ces propositions sont de pleine actualité. Il faut d’ailleurs noter que le paysage social ne s’annonce aussi atone que le prédisaient certains. La CGT vient d’annoncer une rentrée combative, avec une proposition de journée unitaire le 7 octobre, et une importante journée d’action pour l’emploi industriel le 22 octobre.

En lien avec l’ensemble de ces terrains de lutte, ceux que je viens d’évoquer et d’autres encore, je pense aux questions de l’école, du fret ferroviaire qui va mobiliser fortement les cheminots, des libertés et de la justice, nous pourrions décider dix jours de mobilisation militante maximum de tous les communistes autour de nos propositions. Dix jours de colère, d’action et de propositions, par exemple du 24 septembre au 3 octobre, pour changer le terrain du débat à gauche, le remettre sur les rails de la riposte et de l’alternative, dix jours pour crier haut et fort : « oui, face à la politique Sarkozy, d’autres choix sont possibles pour combattre la crise ».

Nous pourrions également décider d’engager, en lien avec la bataille de nos élus et de nos parlementaires, et à l’aide d’un matériel national disponible début octobre, un véritable travail de révélation public et populaire sur les enjeux de la réforme des collectivités locales, qui constitue une attaque considérable contre l’ensemble de la démocratie locale et de l’action publique territoriale. J’y reviendrai à propos des élections régionales.

La Fête de l’Humanité sera un tremplin idéal pour cet effort de mobilisation puisque des rendez-vous multiples sont prévus sur tous ces enjeux dans la Fête.

Nous devons conjuguer à ces efforts de mobilisation, de ripostes, de débats sur le terrain un immense travail politique pour commencer à faire émerger les grands axes d’un nouveau projet transformateur, les grands axes d’un projet politique alternatif. La Mutualité tenue le 3 juillet avec le Front de gauche avait à sa manière montré le potentiel de créativité disponible. Il faut maintenant passer le cap supérieur, pour créer une dynamique de projet beaucoup plus large qui combatte le sentiment d’enlisement de la gauche face à Sarkozy.

Marie-George a lancé l’idée le 26 août de tenir courant octobre de premiers grands ateliers thématiques nationaux sur le projet, ouverts aux forces du mouvement social, dans lesquels toutes les forces de gauche et écologistes pourraient se confronter, et un point d’étape national de ce travail en novembre. Notre ambition pourrait être de réunir au total plusieurs milliers de personnes dans ce travail, en mobilisant outre les forces disponibles à gauche, des syndicalistes, des responsables associatifs, des intellectuels, des universitaires eux aussi désireux de faire émerger une offre politique, un projet politique alternatif.

Ces ateliers, préparés nationalement, pourraient être organisés dans plusieurs grandes villes. Les thèmes abordés pourraient être au nombre de six : un atelier sur l’argent ( pôle public bancaire, crédit, financement de la protection sociale et fiscalité ) ; un atelier sur les services publics et le rôle de l’Etat ; deux ateliers sur le nouveau mode de développement, un sur croissance, emploi, industrie, écologie, l’autre plus spécifiquement sur les enjeux de Copenhague ; un atelier sur la démocratie, les institutions, et les droits nouveaux ; un atelier sur l’école et la formation.

Nous avons soumis cette proposition à nos partenaires du Front de gauche, la Gauche unitaire et le Parti de gauche, que nous venons de rencontrer respectivement mercredi et jeudi pour faire le point sur la relance du Front de gauche, ainsi qu’au Parti socialiste, que nous avons également rencontré mercredi.

Dans la rencontre avec le Parti socialiste, au cours de laquelle nous avons clairement rappelé notre opposition aux alliances centristes comme au processus des primaires, la délégation conduite par Martine Aubry nous a indiqué que le PS répondrait favorablement s’il était invité à des tels ateliers, considérant que le travail de projet était à ses yeux prioritaire. Le PS lui-même entend organiser de tels forums dans le trimestre et y inviter les autres forces de gauche et les Verts. Nous avons confirmé notre disponibilité pour une telle confrontation. Plusieurs camarades de notre direction, Alain Obadia, Yves Dimicoli, Olivier Dartigolles, Olivier Gebuhrer ont d’ailleurs participé à des forums thématiques de l’université de La Rochelle.

Nos camarades de la Gauche unitaire nous ont dit leur accord pour une démarche qui recentre le débat sur les contenus, ouverte à toutes les forces de gauche même s’ils ne pensent pas possible un accord politique avec le PS, et ont souhaité la co-organisation de ces ateliers par le Front de gauche dont ils souhaitent la pérennisation. Sur les régionales, la Gauche unitaire nous a redit sa préférence pour des listes autonomes de 1er tour les plus larges possibles, son opposition à des alliances avec le Modem, son accord pour des fusions de second tour « politiques et dans l’indépendance », la question des exécutifs n’étant pour elle ni un préalable, ni une condition, mais affaire d’appréciation politique.

Nous avons discuté cette possibilité de co-organisation des ateliers avec le Parti de gauche après lui avoir exposé notre proposition. En retour, le PG nous a officiellement saisis de la proposition que Jean-Luc Mélenchon avait exposée dans l’Humanité : un paquet régionales-législatives-présidentielle. Pour le PG, c’est la meilleure manière de répondre au besoin d’un pacte durable. Nous lui avons indiqué que telle n’était pas notre conception et nos choix de congrès. Pour nous, c’est le contenu du projet qui fonde à chaque étape la validité des fronts. Nous lui avons dit que nous aussi visions une construction durable, avec l’objectif de rassembler une majorité politique sur un projet de changement réellement à gauche. Pour nous, c’est avec cette boussole que nous envisageons à chaque étape un processus évolutif, rassembleur et ouvert. Le périmètre du Front de gauche a également fait l’objet d’un échange, le PG estimant qu’il ne peut y avoir d’ambiguïté sur l’inclusion du PS dans ce Front. Là encore, nous lui avons répondu que les objectifs de cette construction (clarté du projet, et ambition majoritaire sur ce projet) étaient à nos yeux la meilleure des garanties. C’est sur ces bases que nous visons l’élargissement du Front. Sur les régionales, le PG se prononce pour des listes de 1er tour. Nous lui avons réaffirmé notre volonté de travailler avec nos partenaires du Front de gauche à des dynamiques qui soient là aussi des dynamiques à vocation majoritaire. Nous avons convenu de nous revoir la semaine prochaine. Nous pourrions approfondir aujourd’hui la discussion pour aboutir à une proposition qui pourrait s’articuler autour de quelques principes : initiatives communes de riposte ; ateliers sur le projet co-organisés par le Front de gauche et ouverts à toute la gauche ; à travers ce travail d’ateliers, élaboration par grandes thématiques de plates-formes partagées ; mise en place d’un comité de liaison permanent pour travailler dans la durée à la poursuite et à l’élargissement du front.

QUELLES AMBITIONS POUR LES REGIONALES ?

J’en viens à la seconde partie : quelles ambitions pour les élections régionales ?

Evidemment, le travail de projet dont je viens de parler irriguera toute notre bataille des régionales mais il convient de décliner ce travail de manière spécifique sur les enjeux régionaux dans le même esprit. L’appel que nous pourrions lancer aujourd’hui à tous les communistes est la nécessité d’entrer maintenant au plus vite, dans les jours et les semaines qui viennent, dans une très grande bataille publique et populaire sur les enjeux de ce scrutin, une très grande bataille politique de dimension nationale pour faire émerger une offre politique nouvelle pour ces élections.

Penser pouvoir entrer dans ce débat sans mener cette bataille, cela reviendrait en quelque sorte à accepter d’emblée le paysage politique tel qu’on cherche à l’imposer ces dernières semaines au peuple de gauche, et à se résigner pour ce nous qui nous concerne à prendre la place que certains nous ont déjà réservée, en supplétifs des recompositions politiques pour les uns, ou éjectés de toutes les majorités régionales dans lesquelles nous nous battons aujourd’hui dans l’intérêt des populations pour les autres. C’est un piège dans lequel nous n’avons évidemment pas l’intention de tomber. Notre ambition est tout autre. Les enjeux sont trop importants, et nous avons bien mieux à faire. Encore faut-il, je le répète, mener la grande bataille politique sans laquelle rien ne sera possible.

Nous devons alerter toutes celles et ceux qui souffrent de la crise, qui aspirent à de profonds changements politiques sur ce qui se prépare, sur les enjeux de ces élections et les appeler à se rassembler pour construire une autre offre politique, porteuse de réponses à la crise et aux urgences populaires, porteuse d’alternative réelle à gauche.

Alors que Nicolas Sarkozy, avec la direction de l’UMP, prépare activement le rendez-vous régional avec des ambitions de reconquête affirmées, et vient pour cela de présider en personne le comité de liaison de la majorité présidentielle rejoint cet été par Philippe de Villiers et le CPNT de Frédéric Nihous, l’offensive de recomposition politique lancée sur la gauche conduirait aux prochaines élections régionales à marginaliser le débat de projet pour mieux faire accepter dans les faits le renoncement à toute ambition de projet réellement transformateur. On ferait rentrer par la fenêtre ce que refuse d’accepter la grande majorité des électrices et des électeurs de gauche. Contrairement à ce qui est dit par les promoteurs de cette recomposition, emprunter cette voie ouvrirait la porte à la victoire de la droite dans de nombreuses régions, car c’est la voie d’une démobilisation populaire assurée.

Pour ouvrir une autre voie, construire une offre politique utile aux jeunes et aux salariés de notre pays, autour de projets répondant aux attentes populaires, la première de nos tâches est donc d’éclairer des enjeux qui sont pour le moment largement éclipsés, minimisés, dénaturés. Je veux insister sur trois de ces enjeux.

Le premier de ces enjeux est un enjeu de projet.
Les élections régionales vont se tenir à un moment crucial, en pleine crise et à mi-chemin du quinquennat Sarkozy. A la crise, à la politique Sarkozy, il s’agira donc de dire dans chaque région : stop ou encore ? Et si c’est stop, pour faire quoi à la place ? L’UMP n’aborde d’ailleurs pas ces élections comme des élections intermédiaires. La reconquête des pouvoirs régionaux est considérée par la droite comme un moyen de relancer l’adhésion à son projet politique, de se donner de nouveaux moyens de le mettre en oeuvre, comme un tremplin pour accélérer le remodelage économique, institutionnel et politique de notre société. Si elles veulent gagner, les forces qui combattent sa politique doivent lui opposer des projets régionaux qui dessinent une vraie alternative, un autre chemin pour l’avenir des régions et de notre société.

Autrement dit, fou celui qui pense pouvoir éluder le débat de projet ou le renvoyer à 2012. 2010 sera un choc de projets et personne ne pourra éluder cette question : quelles politiques seront demain mises en oeuvre dans les régions ? Des politiques inscrites dans les logiques de crise actuelles, amplifiant encore leurs effets, ou des politiques de lutte contre la crise ? Des politiques qui avec le gouvernement feront payer la crise aux travailleurs ou des politiques qui parient sur un nouveau type de développement dans leurs territoires ? Des politiques qui font des régions des relais des politiques sarkozystes de déréglementation sociale et de mise en concurrence systématique, ou qui au contraire en font des lieux de résistance à ces politiques, des points d’appui pour promouvoir des politiques socialement solidaires, réductrices d’inégalités ? Des politiques de soutien aux logiques économiques de rentabilité, prédatrices pour les hommes et l’environnement, ou des politiques économiques et écologiques pariant sur un développement humain durable ?

C’est en répondant à ces questions, qui sont celles qui tenaillent notre peuple, celles que se poseront des millions d’électrices et d’électeurs à l’approche de cette échéance, que nous devons travailler les les grands axes de nos projets régionaux, des projets qui doivent clairement marquer l’engagement et la mobilisation des régions dans des politiques de lutte anti-crise.

Les régions accompagneront-elles, seront-elles des actrices du démantèlement des missions, politiques et services publics ? Ou seront-elles au contraire des régions mobilisées contre ces orientations, engagées dans la reconquête et le développement des services publics. Transports, santé, éducation, enseignement supérieur et recherche, petite enfance, formation, logement... sur toutes ces questions vitales pour la vie de nos concitoyens, nous avons des propositions à avancer pour que les régions soient des lieux de résistance aux logiques de marchandisation, de mise en concurrence, de privatisation du gouvernement et développent, en lien avec les autres échelons territoriaux, des projets de développement et de reconquête de l’offre des services publics sur l’ensemble de leur territoire.

Les régions compteront-elles les points devant le spectacle de la crise et du chômage en expliquant qu’elles ne peuvent rien faire, ou seront-elles des régions engagées dans la lutte contre le chômage et la précarité, qui combattent avec les salariés les stratégies de licenciements et de délocalisations des entreprises, qui construisent des projets de développement durable ancrés dans les territoires, qui contribuent à mettre en place des fonds régionaux publics pour l’emploi et la formation, qui organisent autrement le contrôle de l’utilisation des fonds publics, de l’argent et des missions de la formation, en donnant dans la gestion des régions de nouveaux droits aux salariés et à leurs syndicats ?

Les régions accepteront-elles de se soumettre toujours plus aux logiques de concurrence, aux exigences d’aménagement pilotés par les intérêts financiers, que le gouvernement veut notamment accélérer dans le cadre de la métropolisation des grandes régions, ou seront-elles des régions mobilisées par la réduction des inégalités et par l’exigence d’un développement réellement solidaire de toutes les populations, tous les territoires, toutes les générations ?

Les régions s’engageront-elles, contre les logiques de rentabilité, dans la promotion d’un nouveau type de développement humain, industriel, urbain, agricole, socialement solidaire et écologiquement durable, soutenant un développement industriel respectueux des hommes et de l’environnement, tourné vers des productions utiles à l’épanouissement humain, favorisant l’agriculture paysanne et la pêche artisanale ?

Les régions se mobiliseront-elles pour une autre utilisation de l’argent en organisant le contrôle des citoyens et des salariés avec les élus sur les fonds publics, et plus globalement sur les richesses créées dans les territoires grâce aux investissements et aux aménagements publics, en faveur du respect de critères sociaux et environnementaux ?

Voilà quelques-uns des enjeux autour desquels nous devons engager le grand débat public de construction des projets.

Le second des enjeux de ces élections régionales est un énorme enjeu démocratique.
Nicolas Sarkozy veut tous les pouvoirs et les régions en ont. Il veut des majorités de droite pour les mettre au service de sa politique. Est-ce le moment de lui donner de nouvelles armes ? Poser la question, c’est y répondre.

Mais le problème est plus sérieux encore. La réforme des collectivités locales que le gouvernement a lancée pour cet automne est extrêmement grave et largement méconnue, sous-estimée à l’heure qu’il est. Ce projet et les élections régionales sont pour le gouvernement une étape décisive de la restructuration de l’Etat, des pouvoirs et des territoires. L’attaque contre la démocratie locale, qui une force de notre République, est cette fois globale. Il s’agit d’une recentralisation et d’une mise au pas générale de tous les échelons : communes, départements, régions, au profit d’une subordination autoritaire et centralisée aux exigences d’un remodelage libéral de toute la société. Un repli drastique de l’action publique à tous les niveaux. Au terme du projet sarkozyste de refonte des collectivités locales, cent mille conseillers municipaux devraient disparaître, plus de 20% des élus départementaux et régionaux également qui seraient fusionnés en 2014 et élus pour l’essentiel avec un mode de scrutin uninominal à un tour le plus antidémocratique qui soit, la « compétence générale » qui donne à chacune de ces institutions la capacité de développer hors de ces compétences obligatoires des politiques publiques d’intérêt local serait supprimée. Ce serait par exemple un désastre pour la culture quand on sait que 80% du spectacle vivant en France est financée dans ce cadre par les collectivités locales. Derrière ce projet, dont je ne cite ici que quelques exemples, c’est la diminution drastique des missions et des investissements publics qui est visé. Encore un exemple, le projet de loi de création d’une société du Grand Paris, qui complète le projet Sarkozy, est une caricature ultralibérale et antidémocratique. Il faudra par exemple à une commune ou une communauté d’agglo payer un droit d’entrée de 200 millions d’euros au minimum pour siéger au conseil de surveillance de cette société.

Cet enjeu doit être au cœur de la bataille des régionales. Nous avons un véritable travail de révélation à effectuer du même niveau que celui que nous avons mené sur la constitution européenne.

Et, à l’opposé de ces conceptions, nous devons placer la question de la démocratisation de la République et des pouvoirs locaux au cœur de notre projet. Toutes nos propositions doivent être irriguées par cette orientation : redonner du pouvoir aux citoyens là où le pouvoir cherche à les concentrer dans les mains de quelques-uns, à l’Elysée et dans les conseils d’administrations où siègent les plus gros actionnaires.

Le troisième enjeu des élections régionales concerne l’avenir de la gauche.
Je l’ai déjà largement évoqué. On nous somme de choisir, il faudrait soit renoncer à l’ambition d’un projet transformateur, soit renoncer au pouvoir. Tout notre politique de rassemblement, à commencer par celle que nous avons mise en oeuvre avec le Front de gauche pour changer d’Europe, vise à refuser cette alternative mortifère. Notre ambition est d’avancer en toutes circonstances vers la construction de majorités capables de porter des projets de transformation sociale. Renoncer à cette ambition aux élections régionales, ce serait offrir aux libéraux de tous poils le pouvoir dans la plupart des régions.
Notre ambition est donc claire : travailler à des projets régionaux utiles à combattre la crise et les logiques financières capitalistes, utiles à notre peuple, au monde du travail, et travailler dans le même temps à la construction des rassemblements et des majorités susceptibles de porter ces projets. Pourquoi par exemple décréter aujourd’hui que nous ne serions capables que de fusions techniques au second tour ? Notre ambition est tout autre.
L’offre politique que nous voulons construire vise bel et bien ces deux objectifs : des projets de qualité réellement ancrés à gauche, et leur mise en oeuvre effective.

Comment y parvenir ?

En nous adressant aux millions d’électrices et d’électeurs qui peuvent entendre le besoin de cette offre politique. Certes, sans bataille politique, cette offre politique n’ aucune raison d’émerger dans le paysage actuel. Mais avec notre travail, avec la mise en mouvement des forces susceptibles de la construire avec nous, l’expérience de nos batailles européennes montre que la donne peut changer.

C’est cette démarche qui nous a guidés avec réussite pour constituer les listes du Front de gauche pour changer d’Europe. C’est ce que nous voulons poursuivre aujourd’hui, dans les conditions des élections régionales. Nous voulons mettre en débat et construire avec toutes celles et ceux qui s’y reconnaîtront, à commencer par nos partenaires du Front de gauche, une nouvelle offre politique qui se fixe des objectifs clairs : barrer la route de la reconquête à la droite ; porter des projets politiques qui fassent des régions des pôles de résistance aux logiques libérales, des pôles de promotion d’un nouveau type de développement social et écologique, solidaire et durable ; conquérir des majorités capables de faire avancer ces projets, comprenant pour cela en leur sein le maximum d’élus déterminés à mettre en oeuvre ces objectifs, notamment de nombreux élus communistes.

A tous les acteurs du mouvement social, aux syndicalistes, aux salariés, aux intellectuels de toutes disciplines, à tous les citoyens qui veulent des régions réellement à gauche, nous disons : « construisez avec nous ces nouveaux fronts de gauche pour les régions ». A tous les militants, élus et électeurs socialistes, nous disons : « ne renoncez pas face à la crise, ne vous perdez dans des alliances avec le Modem qui désespèrent le peuple de gauche, ouvrez avec nous le débat de projets à gauche ».
Aux militants et électeurs du NPA nous disons : « ne ratez pas une fois encore le coche de l’unité, ne vous retirez sur l’Aventin quand il s’agit d’aller disputer le terrain des majorités de gestion ».
Aux militants et électeurs écologistes, nous disons : « nous serons plus forts et plus efficaces pour imposer de nouveaux modes de développement si nous nous attaquons ensemble aux logiques de rentabilité, prédatrices pour les hommes et la nature ».

C’est cette bataille politique de projets, de contacts et de constructions politiques qu’il faut engager dès maintenant. Il est trop tôt pour préjuger des configurations auxquelles nous pouvons aboutir. Mais menons tous ensemble cette bataille nationale, prenons le temps de cette grande bataille nationale, dans toutes les régions, multiplions les interpellations, les contacts, le travail commun, en cherchant à pousser le plus loin possible les lignes du rassemblement sur de tels objectifs, en voyant qui peut répondre présent.

Le temps viendra de nos décisions. Elles appartiendront de toute façon aux communistes à travers les conférences régionales. Peut-être nous faudra-t-il étendre d’une à deux semaines le calendrier de ces conférences jusqu’au début novembre ? C’est à discuter. Une chose est sûre : tout doit être mis dès maintenant entre les mains des adhérents. Ce n’est pas une affaire de spécialistes, c’est l’affaire de tous, élus et militants.

Voilà, chers camarades, les propositions que je vous soumets. La Fête de l’Humanité peut être un grand moment de popularisation de ces propositions et de lancement de cette démarche. Nous devons veiller à une présence politique très dynamique des communistes dans la Fête, et à une campagne de renforcement très visible. Nous avons rénové de fond en comble le contenu et la forme de notre stand national. Nous disposerons de matériel pour en populariser le contenu dans la Fête. Deux tee-shirts, et des badges reprenant leurs visuels, qui je crois feront parler d’eux, seront disponibles et distribués à tous les militants, tous les jeunes qui souhaitent les porter. Nous lancerons publiquement notre présence politique dans la Fête avec Marie-George le vendredi à 18 heures au stand national des communistes, juste avant les inaugurations multiples dans les espaces.
Durant la Fête, la réception du samedi avec Marie -George et le meeting du dimanche avec Patrick Le Hyaric seront évidemment des moments politiques marquants.



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