Le Conseil national du PCF adopte l’offre politique national pour les régionales 2010
Les élections régionales de mars
2010, qui se dérouleront à mi-chemin du quinquennat de Nicolas Sarkozy,
revêtiront un enjeu très important. Elles vont décider des orientations politiques dans les
régions, un échelon territorial dont l’importance n’a cessé de grandir,
et elles constitueront la dernière occasion donnée à l’ensemble des
électrices et des électeurs de s’exprimer sur la politique conduite
dans le pays avant 2012. Elles
se préparent dans une situation politique en pleine évolution, dans un
contexte d’urgences sociales, politiques, environnementales,
démocratiques grandissantes. Des urgences auxquelles il devient chaque
jour plus pressant d’apporter des réponses. La crise capitaliste s’aggrave lourdement depuis un an.
Chômage, à caractère massif pour les jeunes, fermetures d’usines, plans
de licenciements, inégalités et pauvreté, remise en cause des droits
des femmes, détresse au travail, atteintes aux libertés, mal vie dans
les quartiers, crise agricole et alimentaire, alertes écologiques… tous
les clignotants sont au rouge. Loin de combattre la crise, la politique de Nicolas
Sarkozy et de sa majorité UMP, étale son indécence, en se révélant aux
yeux d’un nombre grandissant de Françaises et de Français pour ce
qu’elle est : une politique injuste et égoïste au service de la seule
classe dominante, des privilèges de l’argent, et des logiques de
rentabilité. Cette politique développe d’énormes contradictions. Des
fonds publics considérables sont mobilisés au profit des actionnaires,
des banques et des grands groupes sans aucune contre-partie pour
l’emploi, les salaires et les qualifications. Cet argent nourrit la
relance de la spéculation sans que soient traitées les causes de la
crise. Cela prépare une récession plus grave encore. Cette politique est maintenant régulièrement et
massivement contestée, comme on le voit avec les luttes multiples qui
se développent dans tous les secteurs de la société, comme on l’a vu
avec la formidable mobilisation citoyenne contre le projet de
privatisation de La Poste. Mais la droite s’obstine à imposer coûte que
coûte ses décisions et cherche même à en accélérer le rythme. Nicolas
Sarkozy s’enfonce pour cela dans un exercice de plus en plus
autoritaire de son pouvoir présidentiel. C’est un véritable bras de fer
qui est engagé entre ce pouvoir et une partie grandissante de notre
peuple qui exprime le besoin de politiques qui répondent réellement à
leurs attentes. Face à cette situation, la combativité sociale ne
faiblit pas. Mais grandit aussi le besoin d’une alternative politique.
Une attente et une disponibilité nouvelles mûrissent dans le pays pour
travailler aux constructions qui permettraient à cette alternative
politique de voir le jour. Rien n’est joué. Car, face à la droite, la confusion
règne à gauche sur le projet qui devrait être opposé à cette politique
et sur la nature des rassemblements, des constructions politiques, des
alliances qui lui permettraient de devenir majoritaire. Alors que les
attentes, les forces disponibles existent pour construire une issue
réellement à gauche, le risque est grand qu’elles se dispersent, se
divisent, s’égarent dans des opérations de recomposition qui ne cessent
d’être lancées pour obscurcir toute perspective réelle de réponse à la
crise capitaliste. Alliances au centre, primaires ouvertes, coupure
irrémédiable de la gauche en deux, instrumentalisation de la question
écologique à des fins de recomposition... les fausses pistes ne
manquent pas, au plan national comme dans les régions, pour conduire
les forces de gauche dans de nouvelles impasses, vers de nouvelles
défaites, leur faire accepter de nouveaux renoncements. Les forces de gauche peuvent se retrouver côte à côte
dans des luttes contre la politique sarkozyste, mais à ce jour ne se
rassemblent pas sur un projet. Le PS parle de rassemblement à gauche
mais n’opère pas de clarification forte sur son projet et entretient le
flou sur des alliances de second tour avec le Modem. Les Verts parlent
eux aussi de rassemblement à gauche mais les listes Europe Écologie
poursuivent la construction de rassemblements hétéroclites aux contours
et aux objectifs politiques très ambigus. Le NPA quant à lui persiste à
refuser la nécessité de travailler à des majorités de gauche. Il n’est pas possible d’en rester là. Il est urgent de
relever le défi d’une issue politique à la crise actuelle, de sortir de
cette confusion, de faire émerger à gauche un nouvel espoir, de
s’attaquer sans attendre à construire cette alternative politique
majoritaire de gauche qui permettra de répondre à la crise et aux
urgences populaires en s’attaquant aux logiques capitalistes. C’est le
moment, et c’est possible. Nous avons entamé ce travail et cette démarche en
faisant le choix à notre congrès de la constitution de fronts. Nous
avons concrétisé cette démarche avec le Front de gauche à l’élection
européenne, en proposant sur la base d’un projet clair un rassemblement
sans exclusive à toutes celles et ceux qui se reconnaissaient dans ce
projet. Ce n’était qu’un début mais cela a créé une dynamique. Nous
voulons amplifier cette démarche, aller beaucoup plus loin, en portant
haut et fort son ambition majoritaire. Les élections régionales sont une occasion d’avancer
dans cette voie. Tout doit être fait pour que puisse s’exprimer dans ce
scrutin de la manière la plus forte et la plus claire possibles le
besoin d’orientations politiques et de majorités régionales résolument
ancrées à gauche. C’est nécessaire pour le pays et pour les régions. D’ailleurs, l’UMP n’aborde pas ces élections comme des
élections intermédiaires. Elle veut tous les pouvoirs et ne supporte
pas que la gauche dirige vingt régions sur vingt deux. Elle entend
faire de la reconquête des pouvoirs régionaux en mars 2010 un tremplin
pour relancer l’adhésion à son projet politique et le remodelage de la
société qu’elle a engagée. Son projet s’inscrit d’ailleurs dans les
politiques européennes qui poussent à la mise en concurrence des
territoires, des métropoles jusqu’aux régions, en les soumettant
toujours plus aux exigences des marchés. Voilà pourquoi les élections régionales auront dans ce contexte un triple enjeu : le premier enjeu sera celui des orientations politiques
adoptées. Soit les régions deviennent des relais, des amplificateurs de
la politique de la droite et de Nicolas Sarkozy, ou accompagnent cette
politique sans réellement la combattre ; et la crise, les inégalités
seront encore aggravées. Soit elles deviennent des pôles de résistance
à cette politique, des pôles d’initiatives, de luttes et de
propositions pour promouvoir d’autres logiques solidaires, citoyennes,
écologiques ; et elles peuvent contribuer à faire reculer la crise, à
rendre la vie meilleure à des millions de nos concitoyennes et
concitoyens, à faire émerger des choix politiques alternatifs aux
logiques capitalistes et aux modèles productivistes. Nous voulons des projets régionaux qui portent partout
une cohérence nationale forte à partir de plusieurs grands axes de
propositions : la défense et la promotion des services publics,
nationaux et locaux, notamment en matière d’éducation, d’enseignement
supérieur, de recherche et de culture ; de sécurisation de l’emploi et
de la formation ; de protection de l’environnement ; de transports,
d’énergie, de santé et de logement... Une politique de lutte contre
toutes les discriminations et pour l’égalité des femmes et des hommes. La promotion de nouveaux critères d’utilisation de
l’argent, avec notamment la création de fonds publics régionaux que
pourraient saisir les salariés et les citoyens, impulsant, en lien avec
le système bancaire, la sélectivité des crédits pour favoriser
l’emploi, la formation, la recherche, le respect de l’environnement ;
et de nouveaux pouvoirs donnés aux salariés dans les régions et les
entreprises pour décider et contrôler l’utilisation des fonds
distribués. Une réforme globale de la fiscalité et des financements est
également indispensable. La relance de politiques industrielles, agricoles et
urbaines, qui permettent en tous domaines, de répondre aux exigences
d’un nouveau type de croissance, d’un nouveau type de développement
socialement solidaire et écologiquement durable. La conquête de
nouveaux pouvoirs pour les salariés et leurs organisations, pour les
citoyens, dans les entreprises comme dans les territoires, avec
notamment de nouveaux droits d’intervention et des processus de
démocratie participative généralisés. Le second enjeu est un énorme enjeu démocratique. La concentration et la confiscation des pouvoirs,
portées en germes par la présidentialisation du régime, atteignent avec
la présidence de Nicolas Sarkozy un niveau caricatural. Elles
s’accompagnent d’une attaque en règle contre les libertés et les droits
démocratiques. Mais cela ne suffit pas. La droite veut maintenant
engager une réforme des collectivités locales qui est une attaque
frontale contre la démocratie locale à tous les échelons, communale,
départementale et régionale : sont programmés à terme la disparition
des communes et des départements, le transfert massif de service public
au privé, et l’impossibilité pour les élus de répondre aux aspirations
de leurs populations, avec la limitation des compétences des
collectivités et la suppression de la Taxe professionnelle. La création
des conseillers territoriaux, cumulant mandat départemental et
régional, la constitution de grandes métropoles, un mode de scrutin
anti-démocratique seraient autant de facteurs de reprise en main par un
Etat au service des grands groupes, d’éloignement des élus des citoyens
et de recul grave du pluralisme politique. La campagne des élections régionales doivent permettre
de révéler ces projets largement ignorés, de construire une large
riposte, de revendiquer que les assemblées locales et les citoyens
soient consultés sur un tel bouleversement territorial. Elle doit
porter une conception offensive de la démocratisation de l’Etat, des
pouvoirs régionaux, du rôle des élus, et des services publics nationaux
et locaux ; faire preuve d’audace en matière de droits des citoyens et
des salariés à intervenir dans les entreprises et les territoires ;
faire prévaloir des logiques de coopération entre les collectivités
contre les logiques de mise en concurrence. le troisième enjeu est celui de l’alternative politique
à gauche. Les régions se doteront-elles de projets régionaux et de
majorités clairement engagées à gauche, à la hauteur des nouveaux défis
imposés par la crise et la politique agressive de la droite ? Ou
seront-elles le théâtre de recompositions qui desserviraient tout le
camp progressiste et surtout l’intérêt des régions et de leurs
populations ? Les majorités de gauche sortantes ont des bilans
contrastés, mais ont permis dans un grand nombre de régions de réelles
avancées pour le quotidien de milliers de femmes et d’hommes. Le
travail des élus communistes dans ces régions en s’appuyant sur les
populations, a démontré qu’il était possible d’obtenir des
infléchissements des politiques régionales, de faire prévaloir des
projets d’utilité publique. Ces élus constituent de solides points
d’appui pour construire avec les populations les réponses de gauche
qu’elles attendent. Dans le mandat à venir, face à la crise et aux
politiques gouvernementales de la droite, il faudra relever de tout
autres défis. La gauche doit construire, avec les citoyen-ne-s, en
s’appuyant sur la mobilisation et la créativité sociales, des projets à
la hauteur. Ce n’est donc pas le moment de baisser la garde à gauche.
Les urgences sociales et écologiques sont pressantes, et la gauche
gagnera si elle va à ces élections avec des projets ambitieux,
novateurs et courageux. La gauche mobilisera si elle va au devant des
électeurs avec un projet clair et combatif, qui favorise l’intervention
populaire pour faire face aux urgences sociales. Elle ira au contraire
à l’échec si elle mise sur des calculs politiciens qui la conduisent à
composer avec les idées libérales au moment où celles-ci font la preuve
de leur faillite. Pour ces élections, il y a donc un enjeu pour savoir où
se trouvera, dans les programmes comme dans les alliances, le centre de
gravité des majorités alternatives à la droite. Nous le voulons pour
notre part clairement à gauche, car c’est la condition de politiques
réellement efficaces face à la crise capitaliste, et donc la condition
de victoires à gauche construites sur la mobilisation populaire. Cela
comptera aussi pour les échéances politiques futures. C’est avec l’ambition à nos yeux incontournable de
relever ces défis que le Parti communiste lance un appel à toutes les
forces, à toutes les femmes et les hommes de gauche représentatifs des
courants politiques progressistes, comme du mouvement syndical, social,
associatif, issus de la ruralité comme des grandes zones urbaines et de
leurs quartiers populaires, à travailler ensemble pour que puisse
s’exprimer dans ces élections de la manière la plus forte et la plus
claire possibles la volonté de politiques et de majorités régionales
résolument engagées à gauche. Partout où les conditions peuvent en être créées, où
les forces disponibles existent, le Parti communiste propose que ce
travail commun débouche, autour d’ objectifs et de projets clairs, sur
la constitution de listes de Front de gauche de large rassemblement au 1er
tour, qui, à partir mais très au delà des trois forces qui se sont
rassemblées à l’élection européenne (Parti communiste, Parti de gauche,
Gauche unitaire), permettraient de réunir toutes celles et ceux qui se
reconnaissent dans cette démarche. Ces listes pourraient s’ouvrir à des forces nouvelles,
et faire une large place à toutes les femmes et les hommes, citoyens,
militants du mouvement social, élus locaux, qui dans leur diversité
partagent l’urgence de cette démarche de clarté et de rassemblement.
Cette unité, cette diversité, cette large démarche de rassemblement,
tout en assurant la juste représentation des partis qui l’initient et
en s’appuyant sur leurs acquis électoraux, devront s’exprimer dans la
composition des listes, jusque dans le choix des têtes de liste
régionales et départementales. Ces listes, en ouvrant un autre choix à gauche que
celui porté par le PS ou Europe-Ecologie, visent à lever une dynamique
de rassemblement et de victoire à gauche sur des choix clairs. Faut-il
concevoir ces listes en opposition au reste de la gauche ? Non, au
contraire, comme nous le proposons, il faut faire de ce front un levier
pour faire bouger le curseur à gauche. Pour réussir, les objectifs que pourraient se fixer ces listes doivent être clairs : Construire de la manière la plus ouverte et la plus
participative possibles les projets régionaux clairement ancrés à
gauche que devront porter ces listes, et créer autour de ces projets
les conditions du rassemblement le plus large. Tout faire pour empêcher la droite de reconquérir les
régions, et créer partout les conditions de majorités régionales de
gauche, avec l’objectif de porter dans ces majorités des projets de
transformation sociale réelle, et si les conditions en sont créées de
travailler à leur mise en œuvre, jusque dans les exécutifs régionaux. Cela supposera de travailler sans ambiguïté au
lendemain du premier tour à la fusion des listes de gauche et
écologistes, donc à l’exclusion du Modem, dans le respect de
l’influence de chacune de ces listes. Tout faire pour élire dans ces majorités de gauche le
maximum d’élus à même de porter ces objectifs avec détermination durant
tout le mandat, notamment en élisant le maximum de conseillers
régionaux communistes. Si elle est construite dans la clarté et dans
l’ouverture la plus large, cette démarche peut aller à la rencontre des
attentes de millions de nos concitoyennes et concitoyens. Mais ce sera
une rude bataille. Elle doit être engagée sans tarder. Le conseil national appelle les communistes à prendre
leurs décisions région par région en pleine connaissance de cette
offre, en appréciant les possibilités de la conduire dans chacune de
leurs régions, en prenant les décisions les plus utiles pour faire
avancer les objectifs qu’elle énonce. Au delà du débat des communistes qui doit se mener dans
le respect de toutes les options exprimées, et des décisions qu’ils ont
à prendre en pleine souveraineté, le Conseil national les appellent à
faire connaître cette offre très largement dans la population, à
prendre tous les contacts nécessaires avec celles et ceux qui peuvent
s’y reconnaître. Nous voulons mener une campagne offensive et
constructive, qui refuse d’alimenter les logiques de division, qui soit
axée sur un projet et des propositions de rassemblement, qui porte la
perspective de constituer des majorités de gauche sur le contenu le
plus transformateur possible. Engageons sans tarder et avec confiance, toutes et tous
ensemble, dans l’unité des communistes, une très grande campagne des
élections régionales ! ****************** L’offre a été adoptée par le Conseil national du PCF le 25 octobre par 126 voix pour, 22 contre et 9 abstention